D’ici à 2025, la Côte d’Ivoire veut assumer ses besoins domestiques en riz, comme ce fut le cas en 1976.
L’autosuffisance en riz souhaitée par la Côte d’Ivoire est un véritable défi pour le pays. Et ce alors même que la production stagne et est exposée à la concurrence des importations. Yacouba Dembele, le directeur général de l’Agence pour le développement de la filière riz (Aderiz) a précisé que « nous étions autosuffisants en 1976, nous pouvons le redevenir. Mais, pour l’instant, c’est compliqué ».
La production de riz blanchi (le riz transformé mondialement consommé) avait doublé entre 2007 et 2015. Depuis lors la production stagne autour de 1,3 million de tonnes par an. Et ce pour plusieurs raisons : la culture est majoritairement vivrière et familiale, les parcelles sont petites, les récoltes très dépendantes de la pluviométrie et les pertes énormes. On observe également une pénurie de financement qui handicape l’investissement dans les semences, les engrais ou les pesticides. Ces facteurs cumulés nuisent au rendement.
Cependant dans le même temps la consommation de riz progresse chaque année de 7 %, et atteint 1,8 million de tonnes par an.
Le marché du riz fait face à une transformation de la société : accroissement de la population, évolution des régimes alimentaires et urbanisation sont des éléments qui accroissent la demande. Demande locale qui n’est pas satisfaite par la production domestique. Le recours aux importations est donc nécessaire.
Le riz local subit aussi la compétition du riz importé. En 2018, la Côte d’Ivoire a importé presque 1,5 million de tonnes de riz blanchi en provenance d’Asie du Sud-Est.
« Les chiffres des importations sont fiables, mais les chiffres de la production sont des projections faites à partir d’estimations de surface rizicole, c’est plus hasardeux. » déclare Patricio Mendez del Villar, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Celui-ci précise que « seule une petite partie de ce riz importé est réexportée dans la sous-région ».
Le riz se présente comme un enjeu stratégique et politique en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire importe pour 450 millions d’euros de riz chaque année, et se situe deuxième place à l’échelle continentale.
Afin de reprendre la main sur une filière stratégique pour le pays, les pouvoirs-publics ivoiriens s’engage désormais sur l’industrialisation de la filière et l’engagement du secteur privé. Le modèle repose sur la contractualisation. Ainsi chaque acteur s’engage envers l’autre, sans présence directe de l’État.
Le pays a dynamisé le parc industriel existant avec 30 nouvelles usines et 100 mini-usines. Les concessions de ces fabriques ont alors été attribuées à des opérateurs privés, des transformateurs qui travaillent avec les petits producteurs et les distributeurs.
Le succès de ce modèle repose sur la « confiance des uns envers les autres ». Il est alors difficile de convaincre le petit producteur circonspect quant à l’arrivée d’acteurs urbains nationaux ou étrangers avec lesquels il a du mal à communiquer.
Source : Le Monde Afrique
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