De leur refus d’adhérer au Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié président du PDCI-RDA et l’ex-président de l’assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Guillaume Soro, ont basculé dans l’opposition. Ainsi, ils n’ont cessé d’organiser des manifestations de « démonstration » de force et de tenir des discours de défiance. L’objectif affiché étant de « chasser » Alassane Ouattara et le RHDP du pouvoir en 2020.
En Europe pour un séjour de plusieurs semaines, l’ancien président ivoirien, Henri Konan Bédié, par ailleurs président du PDCI-RDA a pu s’entretenir avec le prédécesseur du président Alassane Ouattara, Laurent Gbagbo en liberté sous conditions en Belgique, dans le cadre d’une plateforme de l’opposition. À l’issue de cette rencontre qui a eu lieu le 29 juillet 2019 à Bruxelles, il a été annoncé la création d’une alliance politique pour la présidentielle de 2020.
Alors que Bédié se trouvait encore en Europe, sous impulsion des deux ex-chefs d’Etat, les deux états-majors vont organiser un meeting conjoint PDCI-FPI le 14 septembre 2019 au palais des sports de Treichville. À cette occasion, le secrétaire général du FPI, Assoa Adou, citant Laurent Gbagbo, déclarait que ce meeting devrait être « considéré comme le début de la régénérescence de la Côte d’Ivoire ».
Le succès de ce meeting, par le monde qu’il a drainé, a été retentissant au-delà des frontières ivoiriennes, et a réconforté l’opposition dans sa capacité toujours vivante de mobilisation. Un signal fort venait d’être donné au RHDP qui se croyait déjà en roues libres pour les élections de 2020. D’où le fameux slogan « tout est bouclé, calé, géré ».
Samedi dernier, le PDCI-RDA a renouvelé l’exploit à Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d’Ivoire. Cette fois-ci en présence de son président rentré entre-temps de son séjour, le vieux parti rendait hommage au père fondateur de la nation ivoirienne, Félix Houphouet Boigny, au cours d’un giga meeting, non sans convier les autres partis de l’opposition. Combien de dizaines de milliers étaient-ils à la place Jean-Paul de Yamoussoukro, aux pieds de la basilique ‘’Notre Dame de la paix’’ ?
De fait, les militants et sympathisants du PDCI ont convergé en masse au lieu du meeting, pour dire au pouvoir d’Abidjan qu’ils sont bel et bien en place, contrairement à certains cadres de leur parti qui ont « migré » au RHDP.
Au cours de son allocution, Bédié s’est exprimé sur la commission électorale, qui est un sujet brulant. « Je voudrais vous informer officiellement que la requête adressée par les groupes parlementaires de l’opposition ivoirienne, dont le PDCI-RDA, à la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, exprimant notre opposition à l’application de la nouvelle loi sur la CEI a été jugée recevable par cette Cour. Nous espérons une conclusion heureuse dans les prochains mois », a-t-il indiqué. Ainsi, peut-on dire que la formule actuelle de la CEI n’est pas définitivement acquise.
Lors de ces journées politiques en hommage au président-fondateur du PDCI-RDA, le chef de terre Nanan N’da a mis en quelque sorte fin au débat sur l’« héritage » du père de la nation, en ces termes : « Le président Houphouët a confié un « fétiche » a son successeur Bédié, notamment le PDCI », a-t-il conclu sans aucune autre forme de procès.
Début septembre, Patrice Adam Yeboua, vice-président du PDCI déclarait que « Ceux qui sont partis du PDCI-RDA sont au restaurant, quand ils finiront de manger, ils reviendront à la maison ».
En d’autres termes, les cadres du PDCI qui ont viré au RHDP, n’y sont que physiquement pour de l’argent, mais demeure en esprit avec eux. Des propos qui ont dû fouetter l’orgueil des caciques du parti au pouvoir.
Quant à l’ancien président de l’hémicycle ivoirien, Guillaume Soro, qui séjourne depuis plusieurs mois en Europe, il a remercié ses amis « incrustés au RHDP, au cœur du RHDP et grâce à qui, il a survécu à bien des pièges mortels », par le biais de son compte twitter le 11 octobre dernier, alors qu’il se trouvait en Espagne pour une crushparty, un concept propre aux mouvements pro-Soro. Et d’ajouter « Information de première main reçue de nos amis incrustés au RHDP serait que le RHDP inscrira 1,8 million de personnes sur la liste électorale. C’est le sens de 2020 est bouclé verrouillé ».
Si ces révélations sont avérées, elles ne signifient qu’une chose. L’existence de taupes au sein du RHDP qui se targue de recruter massivement au sein des formations politiques de l’opposition.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’heure est à la réflexion au RHDP pour faire face, non seulement à la montée en force de l’opposition conduite par le PDCI-RDA, qui fait preuve d’une capacité de mobilisation et de redynamisation de ses structures de base que l’on croyait affaiblies, mais aussi comment démasquer d’éventuels « mercenaires » en leur sein.