Une commission d’enquête révèle que l’ancien président gambien Yahya Jammeh aurait soustrait aux finances publiques au moins 360 millions de dollars. Le rapport de la commission documente détaille tous les montages qu’avait mis en place le dictateur pour détourner les richesses du pays.
On se souvient que depuis le toit ouvrant de son Hummer limousine, Yahya Jammeh avait pour habitude de jeter des billets et des biscuits en direction de la foule. Ainsi pensait-il se donner une image de générosité. Et pourtant l’argent était bien celui volé au peuple gambien. Durant le régime de Yahya Jammeh (1994-2017), « des quantités colossales de ressources ont été gaspillées, détournées et volées », synthétise un livre blanc publié mi-septembre. Il accompagne le rapport de la Commission Janneh, lourd de 1600 pages écrites suite d’un an et demi d’enquête.
« Yahya Jammeh a mené un accaparement des terres effréné », relève le livre blanc. La Commission a enregistré 281 propriétés acquises par l’ancien dictateur : résidences privées, commerces, mais aussi des îles et des réserves naturelles. Son emprise foncière s’étend à l’étranger avec une propriété aux États-Unis et une autre au Maroc. Ce décompte n’est pas exhaustif s’excuse la Commission qui invite à poursuivre les recherches.
C’est une vaste, précise et rigoureuse main mise sur les biens du pays qu’avaient orchestré le président et son entourage. Dix-sept personnes ont été désignées comme associées à Yahya Jammeh. Parmi eux figurent des hommes d’affaires libanais, suisses ou roumains.
Le détournement des fonds publics et de l’aide internationale alimentait une centaine de comptes bancaires attribués directement ou indirectement à Yahya Jammeh. Le rapport de la Commission Janneh évalue le montant total des détournements à environ 360 millions de dollars. L’épouse du président gambien Zineb Jammeh, est également accusée d’avoir perçu environ 2 millions de dollars via sa fondation en faveur de la protection des enfants. En fait d’aide aux enfants, l’agent était utilisé aux seules fins de promotion de l’image de la première dame.
La Commission d’enquête sur les crimes économiques estime que pour l’heure ses travaux situent dans une fourchette basse les exactions financières de Yahya Jammeh. À eux seuls, le trafic de bois et le détournement des fonds de la compagnie nationale des télécoms ont rapporté près de 700 millions de dollars selon l’enquête d’un consortium de journalistes. Ceux-ci estiment le montant du vol attribué à Yahya Jammeh et son entourage à 1 milliard de dollars.
En octobre, un premier chèque d’un million de dollars a déjà pu être versé au fonds d’indemnisation pour les victimes de la dictature après que des biens saisis éient été vendus. « Ce n’est pas suffisant pour indemniser l’ensemble des victimes, précise Sheriff Kijera, président du Centre des victimes, mais cette initiative est un bon signal envoyé par le gouvernement. »
Yahya Jammeh se situe dorénavant en exil en Guinée équatoriale.
Source : RTBF