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Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
Au Bénin, le pouvoir reconnaît l’existence de l’opposition pour mieux la détruire

En consacrant l’existence légale du parti FCBE, le gouvernement de Patrice Talon divise et affaiblit l’opposition.

C’est une « bonne » nouvelle qui en cache une mauvaise. Vendredi 20 septembre, le principal parti d’opposition béninois, Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), recevait un récépissé provisoire consacrant l’existence légale de la formation. Mais le document tant attendu a été obtenu au prix de la division du parti et d’une possible méfiance entres les différentes forces d’opposition.

Le ministère de l’Intérieur avait en effet annoncé qu’aucun « certificat de conformité » ne serait délivré aux partis dont les membres du bureau exécutif auraient maille à partir avec la justice. Or, si les anciens ministres Komi Koutché et Valentin Djenontin n’ont pour l’instant été ni jugés ni condamnés, ils restent visés par des procédures judiciaires. Afin d’obtenir le récépissé, le FCBE a donc décidé de les remplacer au sein du bureau politique. « Ce n’est pas une exclusion. Ils ne sont plus membres du bureau, ils sont membres fondateurs et membres du parti », a tenté de rassurer Théophile Yarou, membre du bureau et mandaté par le parti pour les discussions.

En vain. Dans une lettre adressée au bureau politique du parti, les intéressés ont dénoncé une « démarche totalement illégale qui ne relève que de la manipulation à laquelle un parti aussi sérieux que le [leur] ne devrait souscrire ». Pour MM. Koutché et Djenontin, l’exigence des autorités béninoises « n’est rien d’autre que la confirmation de ce que l’invention du certificat de conformité n’a été qu’une tricherie intellectuelle sur fond de déloyauté républicaine avec pour moyen le détournement de la puissance publique pour écarter l’opposition des législatives ».

Une démarche visant à affaiblir l’opposition 

Mais ils n’ont pas été les seuls à fustiger la décision du parti. L’ancien président Boni Yayi a également condamné l’éviction de ses anciens ministres, une mesure dont il a tenu à se démarquer. « Je voudrais par la présente signaler qu’en ma qualité de Président d’Honneur, je n’ai été associé ni de loin ni de près à aucune étape de ce processus ou de ce deal alors que les statuts de notre parti l’exigent », a regretté l’ancien président dans un message adressé aux militants. « Je ne saurais donc cautionner une telle démarche exclusive visant à affaiblir la Résistance que mène l’Opposition à laquelle appartient FCBE », a-t-il ajouté.

Boni Yayi a également alerté sur le danger que l’attitude des autorités béninoises représente. « Toute exclusion dans un processus électoral de ce niveau n’est qu’un poison pour la Nation parce que source de tensions et d’instabilités pour aujourd’hui et demain », a prévenu l’ancien président qui se souvient des violences postélectorales du mois de mai, inédites dans un pays autrefois considéré comme un modèle démocratique.

Aucun parti d’opposition n’ayant obtenu le fameux certificat de conformité avant les élections législatives du 28 avril, les Béninois ont en effet été obligés de choisir parmi les candidats du Bloc républicain et de l’Union progressiste, deux formations proches du pouvoir. Sans surprise, le taux de participation à ce scrutin joué d’avance (27 %) a été le plus faible de l’histoire démocratique du pays depuis les années 1990, les législatives de 2015 ayant mobilisé 66 % des électeurs.

Marché de dupes

Les violences ont éclaté dès le 1er mai, lorsque les Béninois ont compris que le président Patrice Talon n’entendrait pas l’appel à interrompre le processus électoral lancé par Boni Yayi. « C’est quelque chose de tout à fait exceptionnel. C’est clairement l’impossibilité pour les partis de l’opposition de proposer des candidats qui est à l’origine de la crise politique d’aujourd’hui », analysait Gilles Yabi, fondateur du think tank pour l’Afrique de l’Ouest Wathi.

Même les anciens soutiens du président Talon ont dénoncé sa dérive anti-démocratique. Ainsi, pour Candide Azannaï, « le pouvoir de la rupture a dévoyé le système démocratique et il urge de lutter mais de façon pacifique pour que la démocratie soit restaurée ». Depuis qu’il a démissionné du gouvernement, l’ancien ministre de la Défense de Patrice Talon ne cesse de critiquer l’élan dictatorial du chef de l’État et de se battre pour les innocents tués lors des violences postélectorales.

Dans ce contexte, la nouvelle de la remise du récépissé provisoire au FCBE suscite le mal-être. Non seulement le document a réussi à diviser le parti de Boni Yayi mais il a également suscité la méfiance des autres formations d’opposition qui, elles, attendent toujours le précieux sésame.

Or, les divisions et la méfiance ne feraient probablement qu’augmenter si le FCBE décidait de poursuivre la procédure afin de transformer le récépissé provisoire en récépissé définitif. Et d’autres personnalités politiques, à l’instar Sébastien Ajavon, en exil depuis sa condamnation à la suite d’un procès entaché d’irrégularités, continueront sans doute de refuser un tel marché de dupes.

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