Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
Développement du crowd-shipping en Afrique ; Allianz se lance

Mactar Sylla, jeune startupper franco-sénégalais lance une nouvelle plateforme de « crowd-shipping », un service conçu, « pensé par et pour la diaspora ». Son entreprise, Colisdays , est soutenue par Allianz, le 1er assureur européen.

 L’« ubérisation » des services logistiques est passé par là. Mactar Sylla est un entrepreneur de 34 ans qui mobilise voyageurs et diaspora pour transporter des colis entre l’Europe et l’Afrique. « J’ai souvent été confronté à la difficulté d’expédier des colis en urgence sur le continent. Je regardais sur les réseaux sociaux si des voyageurs pouvaient m’aider et j’étais loin d’être le seul dans cette situation ! J’ai longtemps réfléchi avant de trouver l’idée qui faciliterait mes envois à des prix raisonnables » dit Mactar Syllapour expliquer sa démarche.

C ‘est en observant les facteurs informels que Mactar a eu l’idée de créer sa plateforme. « Il existait déjà des « facteurs informels » au Sénégal, généralement des femmes appelées « GP » [gratuité partielle) qui en profitaient pour pratiquer des prix qui demeuraient relativement élevés » explique t-il.

En observant les faiblesses de ce système informel, Mactar conclue que la solution n’est pas parfaite et la livraison demeure aléatoire. Cette observation et analyse du marché donnent l’idée à Mactar de créer une plateforme sécurisée de mise en relation des voyageurs avec les expéditeurs. Elle s’appellera colisdays.com.

Le principe repose sur la monétisation d’espaces inoccupés des voyageurs (coffre de voiture, kilos non utilisés dans les bagages en soute des avions ou encore dans les trains) auprès d’expéditeurs qui cherchent à envoyer leurs colis à moindre coût en France ou à l’étranger. Le principe fonctionne essentiellement au Sénégal pour le moment. « Il est toujours compliqué pour des expéditeurs traditionnels comme DHL de livrer en Afrique. Au Sénégal, les colis se perdent régulièrement ou sont parfois distribués aux mauvaises personnes, faute d’indications signalétiques suffisantes ; il n’y a souvent pas de numéro voire de nom de rue… De plus l’envoi d’un petit colis coûte au minimum 30 euros, ce qui reste cher » précise l’entrepreneur. Le projet une fois viable, a pu convaincre des partenaires.

« Nous avons décidé de développer une plateforme sécurisée en nous rapprochant d’Allianz qui, après deux mois de négociations, a accepté de soutenir notre projet collaboratif et de nous lancer dans la responsabilité civile professionnelle avec nous : c’était une première pour le groupe en Afrique » précise le dirigent de la jeune startup. Ainsi toutes les expéditions sont assurées contre les détériorations, les pertes ou les vols à hauteur de 2 000 euros maximum par envoi, selon un contrat qui lie le géant des assurances à la startup, moyennant 500 euros par an. Un montant, somme toute, raisonnable selon Mactar.

« L’identité de chaque membre inscrit sur notre plateforme est vérifiée et les utilisateurs signent une charte de bonne conduite. Les négociations se réalisent online entre les deux parties. Enfin, les utilisateurs peuvent apprécier les prestations en ligne », insiste Mactar Sylla.

Colidays ambitionne de conquérir 20 000 utilisateurs en 2020. Le service de particulier à particulier qui repose sur l’échange et la facilité de paiement rendus possibles par l’essor du m-paiement convainc le jeune dirigeant « L’économie de partage en Afrique creuse son sillon grâce à la multiplication des sites d’annonces en tous genres : des bons plans 2.0 aux livraisons géolocalisées », précise-t-il. « Après les transports et le logement, la logistique sera le prochain secteur touché par l’ubérisation » déclare Mactar.

Le « crowd-shipping » en Afrique existe déjà et Colisdays s’aligne sur la concurrence comme Colis GP ou KakoExpress, mais « le marché est en pleine croissance » souligne-t-il. La startup se rémunère grâce aux frais de service et de mise en relation. « Pour un colis de petite taille de 10€, nous prélevons 2 euros qui servent à couvrir les frais de virement, l’assurance et la gestion du site. Aujourd’hui, l’essentiel de notre trafic provient de la France et du Sénégal, mais nous comptons rapidement développer notre activité dans toute l’Afrique de l’Ouest et plus largement à l’international » déclare le fondateur de Colisdays.

Mactar Sylla a d’autres idées en tête et souhaite s’attaquer au e-commerce à travers le « crowd-shopping ». Le « crowd-shopping » consiste en la mise en relation des personnes qui souhaitent acheter des produits étrangers et des voyageurs. « Nous avons déjà été approchés par des entreprises en e-commerce, car nous disposons d’une flotte de voyageurs qui grandit vite » précise Mactar Sylla.

Source : La Tribune Afrique

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