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« Scandale fer de Falémé » : la conférence de presse d’Ousmane Sonko « Scandale fer de Falémé » : la conférence de presse d’Ousmane Sonko
Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
« Scandale fer de Falémé » : retour sur la conférence de presse d’Ousmane Sonko, entre contre-vérités et désinformation

Le 28 août dernier, l’opposant Ousmane Sonko organisait sa première conférence de presse depuis la révélation du « détournement des 94 milliards ». Lors de sa dernière sortie médiatique, Ousmane Sonko s’était engagé publiquement à produire les preuves d’un détournement massif d’argent public. Détournement dont il aurait été témoin lors de ses années à travailler en tant que contrôleur d’impôts. Quelle n’a pas été la surprise des journalistes lorsque l’opposant politique s’est alors proposé de révéler un nouveau scandale gouvernemental mettant en lumière la pratique d’un « banditisme d’État »organisé par le président Macky Sall !

La mine de fer de Falémé, un dossier en cours depuis 1975

 

Cette nouvelle affaire concerne la concession d’exploitation de la mine de fer de Falémé, en passe d’être accordée à la société turque Tosyali. Cette mine avait déjà fait l’objet de nombreux débats, ayant été exploitée par trois entreprises différentes depuis 1975. La recherche d’une nouvelle entreprise pour exploiter ce gisement de fer de Falémé entre dans le Plan Sénégal émergent (PSE) de 2015 visant à atteindre l’émergence du pays en 2035 via une forte augmentation de la croissance.

Dès 2015 donc, des études ont été menées auprès de plus de 50 entreprises pouvant exploiter la concession minière de Falémé. Suite à ce processus, la société turque Tosyali a été retenue et un avenant au contrat a été proposé par la société en octobre 2018. Ce mémorandum reprenait les demandes de la société pour une telle exploitation et ne constituait donc qu’un préalable nécessaire à toute négociation avec le gouvernement sénégalais.

Un scandale pas si nouveau que ça…

 

C’est avec ce document à la main qu’Ousmane Sonko commence sa conférence de presse. Il vient énumérer chaque article dudit mémorandum tout en interprétant ce que, selon lui, ces articles signifient. Il déclare ainsi que la société turque a obtenu du gouvernement « une exonération de l’impôt et des taxes pendant 10 ans, en violation des lois ;  un recrutement à hauteur de 50 % des cadres en Turquie ; la réalisation des réseaux routiers et ferroviaires pour le transport et l’exportation des produits finis et semis finis ainsi que l’inspection des établissements qui opèrent de manière illégale dans le secteur du fer [afin de] les fermer ; et enfin la prise en charge du prêt d’investissement de la société Tosyali par le Trésor sénégalais ».

Si l’on s’en tient à la simple lecture de ces articles, il est donc normal que l’opposition politique se saisisse du dossier. Ce qui a d’ailleurs été le cas, et ce dès le 21 octobre 2018, soit seulement 3 jours après la parution du document utilisé par Ousmane Sonko. Dans une lettre ouverte au gouvernement, les principaux leaders de l’opposition au Sénégal se sont saisis du sujet pour alerter l’opinion publique et le gouvernement sur le déséquilibre financier d’un tel contrat.

Un scandale n’ayant pas lieu d’être !

 

Toujours est-il que ce document ne retrace que les demandes de la société, et ne reprend en rien une quelconque négociation ou accord de la part de l’État sénégalais. L’article 4 de ce type d’avenant, un Memorandum of understanding, précise bel et bien que « les stipulations du présent M.O.U ne constituent pas un engagement ferme et irrévocable des parties de réaliser le projet ni de conduire quelque accord spécifique que ce soit (…)Jusqu’à ce qu’un contrat définitif en bonne et due forme soit signé par les deux parties si les pourparlers aboutissent, le présent M.O.U ne constitue qu’une manifestation d’intention pour chacune des parties ».

Ce qui n’est pas évoqué lors de cette conférence, c’est la création d’un comité de négociation qui a rejeté ces demandes et a négocié de nouveaux termes stipulant que la main-d’œuvre employée sur le site de Falémé devra être constituée d’au « moins 65 % de nationaux, pouvant évoluer jusqu’à 80 % d’ici 5 ans ». Concernant la problématique de l’exonération fiscale, cette dernière devrait courir sur une période non pas de 10 ans, mais de 2. Enfin, lors des négociations, la société Tosyali avait donné son accord de principe pour prendre en charge la construction des infrastructures nécessaires à l’exploitation du site de Falémé.

Ce « nouveau scandale » révélé par Ousmane Sonko n’a donc rien de nouveau, pire il n’a pas lieu d’être. Son raisonnement n’est bâti que sur un document qui, en plus d’être obsolète, ne reflète non pas des négociations, mais des demandes unilatérales d’une entreprise cherchant à obtenir des avantages.

Se voyant comme un lanceur d’alerte, champion de la transparence de la politique sénégalaise, Ousmane Sonko semble s’épanouir dans le chaos médiatique créé par ses déclarations-chocs sans s’embarrasser de fournir les preuves irréfutables qu’il prétend détenir. Il affirme d’ailleurs que la procédure de ratification est en train d’être accélérée tout en refusant de donner certaines informations, ou ses sources « pour des raisons vous comprendrez après »comme c’était le cas lors de l’affaire du « détournement des 94 milliards ». Cette déclaration ne prend d’ailleurs pas en compte les travaux de la commission de négociation mise en place depuis début 2019.

 

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