À Abidjan le lundi 21 janvier, le dialogue politique sur la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI) entre le pouvoir et l’opposition a été initié. Dialogue politique qui rencontre d’ores et déjà des difficultés alors que le FPI reproche à Laurent Gbagbo une absence d’inclusivité.
C’était le souhait et l’initiative du chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara lors de son message à la nation du 6 août 2018. Le dialogue politique pour la réforme de la Commission électorale (CEI) a commencé. Le premier ministre, Amadou Gon Coulibaly a ouvert la session le 21 janvier à Abidjan, et ce en présence des représentants des partis politiques du pouvoir et de l’opposition. Amadou Gon Coulibaly en introduction au débat a posé le contexte du dialogue et l’objectif de celui-ci. Il s’agit de la réforme du cadre juridique et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire.
«Dans ce processus de réforme de la CEI que le gouvernement initie aujourd’hui et qui se veut inclusif, nous sollicitons vos contributions respectives pour assurer le meilleur équilibre qui emporte l’adhésion de tous » a déclaré Amadou Gon Coulibaly. Le dialogue est organisé en deux phases. La première phase d’une durée de deux semaines est dédiée aux réflexions et constitution d’un corpus de sujets. Les parties-prenantes seront mises à contribution. Le fruit de ces deux semaines d’échanges sera livré au ministère de l’intérieur. Charge au ministère de structurer le corpus de réflexions afin de préparer la deuxième rencontre. Cette deuxième phase concerne les rencontres avec le gouvernement. Cette phase doit donner lieu à une discussion entre le gouvernement et les partis politiques. Il s’agira alors de présenter les différentes propositions et rechercher «le meilleur compromis» sur les points de divergence.
Ces assises du dialogue politique doivent permettre à l’ensemble des forces politiques du pays, de «tirer définitivement les leçons des crises passées autour de la question électorale et s’engager résolument à une vie démocratique apaisée».
«Il y a des acquis certains que nous devons capitaliser et qui doivent aider à la réflexion, dans notre quête d’un organe impartial, efficace, régi par un processus de prise de décisions transparent», a déclaré le premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Les représentants des partis politiques se sont également exprimés sur le dialogue politique lors du lancement du 21 janvier. Ainsi au nom de la plate-forme de l’opposition politique, «Ensemble pour la démocratie et la souveraineté» (EDS), le professeur Armand Ouégnin, a loué la mise en place d’une nouvelle commission consensuelle. Armand Ouégnin a salué l’initiative du gouvernement.
Le représentant de la coalition EDS qui regroupe en son sein plusieurs formations dont l’aile dite radicale du FPI de l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo s’est aussi exprimé : «De la crise post électorale, consécutive à l’élection présidentielle de 2010, aux violences regrettables qui ont émaillé les dernières élections locales d’octobre 2018, il a été démontré à suffisance que nous avons besoin d’aborder aujourd’hui, de toute urgence, avec courage et responsabilité, cette problématique des conditions d’organisation des compétitions électorales et de l’environnement sécuritaire des scrutins dans notre pays ».
Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du PDCI de Henri Konan-Bedié, ex-allié du RDR au pouvoir a également salué et l’initiative et la méthode préconisée. «Nous saluons la tenue de cette réunion qui lance les négociations sur la réforme du cadre juridique et institutionnel des élections. Nous nous réjouissons de cette initiative. Nous souhaitons que ce soit des décisions consensuelles», a expliqué également Pascal Affi N’Guessan, le dirigeant de l’autre aile du FPI.
L’état d’esprit est donc à l’ouverture et aux échanges.
Le président Alassane Dramane Ouattara entend répondre aux attentes des recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples. Celle-ci avait préconisé une recomposition de la CEI, afin de garantir un équilibre entre les forces politiques en compétition. Lors de ce processus en deux phases, le chef du gouvernement va également rencontrer les acteurs de la société civile afin à parvenir à un consensus autour de l’organisation des élections de 2020.
Premier couac dans ce contexte de louanges généralisées : le FPI de Laurent Gbagbo reproche le manque d’inclusivité. «Le Front Populaire Ivoirien du président Laurent Gbagbo n’est pas invité à cette rencontre», a fait savoir le secrétaire général de l’aile radicale du FPI, Assoa Adou. Le secrétaire fait savoir que «face à cette attitude méprisante», sa formation « ne se sent donc pas concernée par cette mascarade qui va éluder les vrais problèmes de la Côte d’Ivoire qu’il pose depuis toujours et plus particulièrement depuis 2011». Le FPI de Laurent Gbagbo rejette ainsi dés à présent les conclusions du dialogue. Rejet immédiat alors que selon la formation au pouvoir de 2000 à 2010, «la réforme des institutions relatives aux élections justes, démocratiques et inclusives est un élément important de la réconciliation nationale et ne doit en aucun cas être sabordé par des manœuvres politiciennes».
Source : La Tribune Afrique