Le 6 juin le gouvernement sénégalais a entériné le projet de réforme du statut des écoles coraniques (daaras) en adoptant un nouveau projet de loi.
L’objectif du nouveau projet de loi est très précis et ne cache pas ses ambitions. Il s’agit de donner accès aux enseignements élémentaires et créer des passerelles vers l’enseignement public ou la formation professionnelle aux enfants sénégalais alors qu’une étude montre que près de 50% d’entre eux ne se rendent pas à l’école formelle. Ainsi selon l’Unicef 47% des enfants sénégalais en âge d’être scolarisés ne sont pas inscrits à l’école formelle et au moins un tiers d’entre eux seraient talibéssénégal selon l’expression de Hamidou Dia, sociologue et chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), qui a dirigé le rapport.
Le premier axe du texte du projet de loi est un axe pédagogique qui construit un cursus d’une durée de huit ans, permettant l’apprentissage du Coran et l’acquisitions des compétences élémentaires des programmes du CP au CM2 alors que « nombre d’enfants des daaras ne savent ni lire ni écrire en français et n’ont pas de notion de calcul » comme l’indique l’inspecteur des daaras pour le ministère de l’Éducation nationale, Babacar Samb,
Le second axe du projet de loi est un axe juridique qui permet de doter les daaras d’un cadre juridique formel, afin de les rendre éligibles aux subventions étatiques. Il s’agit d’améliorer les infrastructures des écoles coraniques. Pour mieux encadrer les écoles d’obédience coranique, le gouvernement construit 32 daaras à travers le pays. Ces constructions s’inscrivent dans le cadre d’un projet pilote appuyé par la Banque islamique de développement (BID) à hauteur de 10,3 milliards de francs CFA.
Le gouvernement est cependant confronté à une opposition. Et notamment de la part de la Fédération nationale des associations d’écoles coraniques du Sénégal. Cette dernière compte 712 associations et revendique 16 800 daaras et deux millions de talibés. La Fédération bénéficie d’une influence réelle et déjà en 2015, elle avait oeuvré contre le projet de loi de modernisation des daaras. La campagne de lutte avait mené au retrait de loi du gouvernement, les actions de sensibilisation parmi les populations et les interventions massives dans les médias avaient eu raison de la volonté gouvernementale. A quelques mois de l’élection présidentielle, il sera intéressant d’observer comment les différentes sensibilités s’expriment d’autant que les confréries religieuses du Sénégal représentent un réservoir de votes non négligeable. « Au-delà de la formalisation des établissements coraniques, ce projet s’inscrit dans une démarche plus large de ‘sénégalisation’ de l’école publique », estime le sociologue Hamidou Dia.
Source : Jeune Afrique
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