La Côte d’Ivoire et le Ghana sont les deux plus grands producteurs de cacao au monde et entendent unir leurs forces sur le marché mondial.
La Côte d’Ivoire et le Ghana entendent désormais, non seulement produire, mais également transformer la matière première cacao et pour ce faire sollicitent le financement de la Banque africaine de développement (BAD). Les deux pays ont conjointement sollicité la BAD afin de financer un projet de chocolateries locales. Un projet qui s’inscrit en droite ligne du Forum sur la révolution verte en Afrique dont les réflexions et recherches de l’édition 2017, étaient formulées très précisément : «Accélérer la marche de l’Afrique vers la prospérité : contribuer à la croissance d’économies inclusives et à la création d’emplois à travers l’agriculture».
L’aide souhaitée se formaliserait en un prêt à hauteur de 1,2 milliard de dollars. Ce budget devrait être utilisé à l’édification d’«entrepôts et d’installations de fabrication de chocolat». Cette opération de partenariat est une démarche « win-win » audacieuse et stratégique répondant à deux constats : chacun des deux pays ne peut agir seul et face à la chute du cours du cacao ; les pays producteurs doivent faire évoluer la filière. Ainsi l’un des axes de développement est la transformation de la matière première sur place, directement dans les payes producteurs. Le Ghana et la Côte d’Ivoire perdent chacun près de 2 milliards de dollars par an en raison de la chute des cours du cacao. Il s’agit donc d’apporter une valeur ajoutée à la matière première et d’encourager la consommation de chocolat local.
Afin de rendre opérationnelle cette stratégie, les deux pays partenaires ont formé un comité technique commun dédié à la réflexion sur les meilleurs moyens d’optimiser leur stratégie. Le Ghana annonçait en juillet dernier un objectif de production de 1,5 millions de tonnes par an d’ici quatre ans. A ce jour, le Ghana Cocoa Board, l’autorité nationale de régulation du secteur a emprunté 1,3 million de dollars à un consortium de 25 banques pour financer la production de la saison 2017-2018.
La Côte d’Ivoire quand à elle annonce début septembre une prévision de production record de 2 millions de tonnes pour la campagne en cours. Le Ghana et la Côte d’Ivoire en réorientant la politique-cacao bénéficieraient de la construction d’usines de transformation. L’édification de chocolateries est donc un premier pas vers une maîtrise accrue de la filière. En innovant et en investissant également sur le marché domestique de chacun, les deux pays font le pari d’une économie du caco relancée. Cependant les détails liés au projet n’ont pas encore été annoncés.
Cette démarche bi-lattérale s’inscrit en tous points dans les réflexions que mènent à l’heure actuelle nombre de pays d’Afrique en ce qui concerne le marché des matières premières. Ainsi l’initiative saura trouver un écho favorable auprès du président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui déclarait il y a peu : «Les économies les plus résilientes sont aussi celles qui valorisent sur place leurs produits bruts».
Source : La Tribune Afrique