Comme souvent lorsque les mosquées manquent de capacité d’accueil, les fidèles musulmans prient dans la rue et ce n’est pas sans incidence.
Depuis le 31 décembre 2016, les autorités béninoises ont interdit les petits commerces et restaurants de rue qui encombrent les artères des villes béninoises. Cette décision concerne également les manifestations religieuses dans la rue, posant problèmes aux musulmans qui, faute de place dans les mosquées de Cotonou, prient dans les rues de la ville. Et le vendredi, jour de la grande prière, Cotonou voit rues et artères principales de la ville, devenir un gigantesque embouteillage. En cause, les rues bloquées par les fidèles.
Les réactions à la prise de parole du ministre de la justice, Joseph Djogbénou, ne se sont pas fait attendre. Celui en effet, exposant la nouvelle politique de la ville du gouvernement dans un souci d’embellissement et assainissement de celle-ci, a déclaré « Le gouvernement considère que nos rues ne peuvent plus être exposées à l’expression de la foi, quelles que soient les religions. »
Le député Issa Salifou, en colère a répliqué « Il faut aller dire au préfet Toboula [qui a conduit l’opération] que les gens ont commencé à faire la prière ici à Cotonou avant sa naissance et avant même la naissance de son père. L’opinion publique à la suite, se saisit de la polémique.
Les instances religieuses ont demandé à être reçues, afin de renouer le dialogue, trouver une solution.
Le président de la République a ainsi accueilli le 5 février, une cinquantaine de chefs religieux musulmans. Ceux-ci souhaitaient une dérogation. Patrice Talon est resté sur ses positions, arguant que l’objectif est de rendre la ville plus attractive et non de discriminer les fidèles musulmans. « Si nous faisons des prières de rue un acquis, nous n’aurons pas fait du bien à l’islam », juge ainsi le chef de l’Etat. Il a néanmoins promis des mesures d’accompagnement qui devraient aboutir à la construction de nouvelles mosquées ou à l’agrandissement de celles déjà existantes.
Les responsables religieux se disent satisfaits des échanges et appellent les fidèles au calme pendant que le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia, dans un souci d’apaisement, fait savoir que les prières seront tolérées dans les prochaines semaines.
Source : Le Monde Afrique