Thibault Lefèvre, journaliste à France Inter a rencontré Amssatou, une adolescente nigériane de 15 ans. Amssatou n’est pas une adolescente comme les autres.
En 2015, la secte islamiste Boko Haram a attaqué la ville où vivait Amssatou. Lors d’une attaque particulièrement violente et meurtrière dont Boko Haram est coutumier, la jeune fille et 25 autres jeunes filles ont été capturées puis séquestrées dans une école à Baga, au Nord-est du Nigeria.
Durant plus de deux mois elle a vécu sous le joug de la secte islamiste avant d’être libérée par l’armée nigériane. Elle vit aujourd’hui, à l’instar d’autres adolescents, plus de 150 000 mineures ; réfugiée dans la région de Diffa au Niger.
Amssatou témoigne, avec précision, sans colère de ce qu’ont été les conditions de sa détention, de ce à quoi elle a échappé, de son statut actuel d’ex-otage, de ses espoirs et ambitions pour son avenir.
Elle témoigne de la cruauté lorsqu’elle a vu périr son père, son oncle, et quatre autres hommes de sa famille au moment de l’attaque. Elle témoigne de l’inhumanité de ses geôliers. Elle raconte les viols, les coups, la faim. Elle dévoile qu’elle a échappé de peu au mariage forcé en raison de l’intervention de l’armée nigériane.
Amssatou rescapée se reconstruit avec l’espoir d’apprendre. Apprendre à lire, à écrire. Apprendre. Elle formule également le vœu que personne n’apprenne son histoire. « Personne ne sait que j’ai été prisonnière de Boko Haram. Le secret est difficile à garder ; mais si quelqu’un l’apprend, je ne pourrai jamais me marier. Mon futur mari me soupçonnerait d’avoir été violée, d’être tombée enceinte. Aucun homme ne voudra de moi. »
Le calvaire de séquestration physique fini, Amssatou vit désormais la séquestration psychologique et culturelle. Cela n’empêche pas la jeune fille de croire en l’avenir : « J’aimerais d’abord aller à l’école. Apprendre à lire, à écrire. Me marier. J’aimerais travailler pour l’État du Nigeria. »
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