L’histoire retiendra notamment l’image de Yahya Jammeh sur le tarmac à l’aéroport de Banjul le samedi 21 janvier. Il a pourtant fallu l’entregent hors norme du Président Alpha Condé pour qu’enfin l’ex-président gambien monte dans l’avion qui l’emmenait en exil.
Imprévisible jusqu’à la fin des négociations, Yahya Jammeh n’a cessé de changer d’avis, d’exiger des garanties pour accepter de quitter le pays. Alors qu’on croyait les accords bouclés et acceptés par l’ensemble des parties avant la déclaration télévisuelle de l’ex-dictateur ; celui-ci a exigé de renégocier certains termes de l’accord avant de quitter la terre gambienne. La journée de samedi fut donc éprouvante pour les nerfs pour le Président Guinéen Alpha Condé et le mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz.
Plusieurs points ont fait l’objet de négociations minutieuses, d’argutie, de pression. Jammeh a exigé ; la « sécurisation » d’un revenu pour lui et sa famille, et une destination définitive pour lui et son entourage. Et ce alors même qu’en début d’après-midi du samedi, aucune destination n’est encore choisie parmi la Guinée, la Mauritanie ou le Maroc. Jammeh a également exigé un statut « diplomatique » lui garantissant l’immunité contre toutes poursuites et quelle que soit sa destination d’exil. C’est le président Equato-Guinéen, Teodoro Nguema Obiang, qui se portera volontaire dans le deal de banquier et de terre d’accueil temporaire.
Ensuite, est venu le temps de la rédaction du communiqué de presse conjoint de l’ONU, l’Union Africaine et d’ECOWAS, dont Jammeh discute chaque mot et chaque virgule. Malgré de nombreuses réticences, notamment de la part des instances onusiennes, deux paragraphes garantissant l’intégrité physique, la sécurité, le statut ainsi que la « dignité » du Président déchu, de sa famille immédiate, mais également de ses soutiens et loyalistes demeurés au pays sont ajoutés. Le document ainsi rédigé garantit que tous les biens « légitimes » de Jammeh ne sauraient être saisis, et qu’il lui est permis de retourner au pays ultérieurement. Cependant, le document n’a pas valeur juridique.
Ultime provocation, Yahya Jammeh est insatisfait de l’avion affrété pour son départ et celui de sa nombreuse famille. Il estime l’avion « trop petit » et ne lui permettant pas d’emmener toutes ses affaires et sa famille. De nouvelles tractations ont lieu. Puis Jammeh se décide enfin à embarquer à bord d’une Bentley Continental ; nouvelle exigence du dictateur déchu qui jusqu’à la fin aura peaufiné sa sortie allant jusqu’à demandé sa voiture préférée pour se rendre à l’aéroport.
Même si Yaya Jammeh a tenté par tous moyens et subterfuges de garantir son avenir et celui des siens, pourra -t-il échapper à des poursuites alors que déjà le droit d’inventaire s’exerce, alors qu’il serait parti en vidant les caisses de l’Etat.
Source : La Tribune Afrique
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