Côte d'Ivoire et Afrique occidentale
Togo : le fléau des médicaments contrefaits

Chine, Bénin et surtout du Nigéria sont les plus gros fournisseurs de médicaments contrefaits que l’on trouve au Togo. La lutte est complexe, les trafiquants agiles.

 Il est très facile et usuel de trouver sur les marchés togolais de faux antipaludiques, antalgiques, anti-inflammatoires et autres antibiotiques. Les raisons en sont simples : les prix souvent trop élevés des médicaments et les ruptures de stocks récurrentes dans les pharmacies. Ces médicaments sont dangereux pour la santé, sont vendus sans posologie exacte, sans contrôle et sans prescription et sont généralement des copies de ceux vendus dans les pharmacies légales. La lutte contre ce fléau est difficile et la tâche des pouvoirs publics est complexe.

Les conséquences de l’épidémie de faux médicaments sont de deux types : criminalité transnationale et menace sur la santé publique. Tout d’abord et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il s’agit d’un phénomène qui constitue « un véritable problème de santé publique qui sape les efforts des systèmes de santé dans certains pays de la sous-région dont le Togo ». L’organisation a déclaré que l’éradication des faux médicaments permettrait de sauver 200.000 vies chaque année dans le monde. Ensuite en terme de criminalité, le rendement financier serait 20 à 45 fois supérieur à celui du trafic de drogue. Le marché rapporterait, selon la Fondation Chirac, quelque 200 milliards d’euros par an. Afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène, certains États ont mis au point une stratégie coordonnée en collaboration avec l’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM).

Au Togo, depuis 2014 ce sont plus de 70 tonnes de produits pharmaceutiques et 1,04 tonne de méthamphétamine qui ont été saisis entre juin 2014 et juin 2015, selon le Comité national anti-drogue et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. En 2014, l’opération conjointe des autorités de santé, douane et de police appelée opération « Porc-épic », a permis de saisir environ 9 tonnes de médicaments illicites d’une valeur totale de 200.000 dollars US. « C’est aussi l’occasion pour nous d’exhorter nos concitoyens à faire attention aux produits qu’on leur vend un peu partout. Quand on veut acheter les produits pharmaceutiques, il faut aller à la pharmacie, le seul endroit où on peut trouver de vrais médicaments », a déclaré le ministre togolais de la sécurité, Yark Damhame.

En fin de semaine dernière un stock de faux médicaments d’une valeur de 50 millions de Fcfa a été saisi par la direction de la Santé publique vétérinaire et de la législation, en collaboration avec les forces de sécurité à Bobo Dioulasso, capitale économique du Burkina Faso, à 360 km à l’ouest de Ouagadougou. Les produits incriminés étaient issus du Cameroun, du Sénégal, de la France, de la Hollande, de la Chine et de l’Espagne.

La lutte implique nombre de parties-prenantes de la filière-santé. Les pharmaciens togolais se sont  également mobilisés. L’Ordre national des pharmaciens du Togo (ONPT) a mis en place des actions de sensibilisation des populations sur les risques que ces derniers encourent en prenant les « agbandzitiké » (médicaments des étalages, en éwé, dialecte du sud Togo).

Ainsi l’ordre a institué une journée nationale pour atteindre ses objectifs. « Nous organisons des ateliers de sensibilisations dans les hôpitaux, les écoles et marchés au cours de cette journée pour sensibiliser les populations contre la prise de ces médicaments d’origine douteuse. Nous expliquons à travers des exemples bien précis la différence qui existe entre un médicament assermenté respectant toutes les normes d’un produit actif et un médicament contrefait » a précisé Dr. Kpeto Koundé, président de l’ordre national des pharmaciens du Togo.

La CEDEAO a également pris la parole pour recommander que les services de douane des pays de la sous-région travaillent en synergie, afin d’échanger des informations sur les médicaments qui franchissent les frontières.

Mais malgré les saisies record enregistrées au Togo et dans la sous-région, le commerce illicite de médicaments contrefaits semble se maintenir sur un marché où règne l’omerta et où l’on peut déplorer la dure loi de l’offre et la demande. Tant que la demande en médicaments sera supérieure aux quantités légales disponibles, il paraît peu probable de voir éradiquer ce marché florissant.

Source : La Tribune Afrique

 

 

 

 

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