Connu pour ses monumentales sculptures, ses silhouettes aux ton bruns-ocres, Ousmane Sow est décédé à 81 ans le 1er décembre. Le colosse qui sculptait des silhouettes de géant a vu son talent reconnu dans les années 80 alors qu’il a déjà 50 ans.
Jusqu’alors, et depuis l’enfance il n’a cessé de s’intéresser au façonnage de silhouettes, de figurines, n’a cessé de triturer la matière, la terre, la glaise, n’a cessé de signifier « le corps et l’âme». Le travail de recherche le menant jusqu’à créer son propre matériau pour mieux s’exprimer ; une mixture secrète, macérée pendant plusieurs années et appliquée sur des ossatures de fer, de paille et de jute.
Avant le succès fulgurant de ses géants, Ousmane Sow était kinésithérapeute en France et au Sénégal. Inlassablement celui qui maitrise l’anatomie, sculpte pour le plaisir sans jamais exposer, exerçant son métier entre Montreuil et le Sénégal, détruisant ses œuvres par manque de place … jusqu’au jour où le Centre Culturel français de Dakar s’intéresse à ces silhouettes mystérieuses, les exposent et marque l’avènement de Ousmane Sow au statut d’artiste. Le succès est au rendez-vous, la rencontre avec le public et les critiques ne se démentira pas ; le mystère interrogeant l’âme humaine, le questionnement existentiel envoutant le public.
La série des Nouba, inspirée par les photos de Leni Riefenstahl, est présentée à la Documenta de Kassel en 1992, et marque l’entrée d’Ousmane Sow dans le cercle fermé des grands artistes contemporains. Puis il expose au Palazzo Grassi lors du centenaire de la Biennale de Venise. Il explore ensuite les peuples africains avec Les Masaï, Les Zoulous, puis Les Peuls, avant de s’intéresser aux Indiens d’Amérique à travers la bataille de Little Big Horn. En 1999, plus de trois millions de personnes découvrent à Paris le travail du colosse exposé lors d’une magistrale rétrospective sur le Pont des Arts. Ses guerriers Masaï du Kenya, lutteurs de l’ethnie Nouba du Soudan du Sud, Indiens d’Amérique, hantent encore les souvenirs des parisiens charmés par la simplicité et la dynamique « brut » de ces êtres intimidants et majestueux. L’art de Ousmane Sow parlait à tous et chacun. Lui même s’en expliquait : « Jamais un gamin ne m’a demandé ce que mes sculptures voulaient dire. Je sculpte des hommes. J’ai tellement peur qu’on ne me comprenne pas, ou qu’on interprète mal ce que je dis, que je parle très directement. C’est la même chose en art ».
« Il emporte avec lui rêves et projets que son organisme trop fatigué n’a pas voulu suivre », a déclaré sa famille ce matin en annonçant sa disparition alors que le ministre sénégalais de la Culture exprimait sa tristesse en rendant hommage à celui qui interrogeait les corps et les mémoires : « C’est une très grosse perte pour la sculpture sénégalaise et africaine. Ousmane Sow a été un véritable ambassadeur de la culture » sénégalaise.
Il était le premier artiste noir entré en décembre 2013, il fut le premier artiste noir à entrer à l’Académie des Beaux-Arts et le second sous la Coupole depuis l’entrée de Léopold Sedar Senghor à l’Académie Française.
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