DJ Arafat, a été élu en octobre « meilleur artiste de l’année » et « meilleur artiste masculin » lors de la première cérémonie des « Awards du coupé-décalé ». Doublé gagnant pour l’artiste à la personnalité controversée.
Retour sur la carrière fulgurante du faiseur de tubes. DJ Arafat est la star actuelle de la musique ivoirienne et l’un des dix artistes africains à avoir signé chez un label major, Universal.
Le jeune musicien compte dix albums studio en dix ans de carrière, et gagne ses lettres de noblesse en collaborant avec des artistes de tout le continent. En Côte d’Ivoire, il s’affiche aux côtés des jeunes rappeurs, comme le groupe Kiff No Beat.
De son vrai nom Didier Huon, DJ Arafat (et les multiples surnoms qui lui sont donnés ; Arafat muana ou encore Yôrôbô 5 500 volts, Zeus d’Afrique…) est le fils de Tina Glamour, une artiste ivoirienne prolifique, sexy, qui se produit dans des shows controversés qui sont parfois jugés obscènes. Après une jeunesse tumultueuse et baignant dans cet univers musical, il devient disc-jockey au Shanghai, une discothèque. C’est là qu’un jeune producteur le repère. C’est au Shanghai que commencent l’aventure et l’ascension du jeune homme qui n’a peur de rien. Repéré par le producteur Roland Le Binguiste, il entre en studio très rapidement. C’est ainsi qu’il sort son premier opus qui le révèle au grand public grâce au morceau « Hommage à Jonathan » en 2003.
Le succès de l’album l’incite à venir en France où il décide de rester une fois son visa expiré. Il s’installe en France et sort un 2e album intitulé « Femmes ». Après deux ans en France sans papier et officiant comme DJ, DJ Arafat est rapatrié en Côte d’Ivoire et renoue avec la scène musicale ivoirienne. Connu pour ses multiples dérives, DJ Arafat se construit et entretient une image de mégalo dans son pays. Ainsi, il peut s’attaquer régulièrement à ses collègues artistes, dont son principal rival, Serge Beynaud. Posture qui participe à son succès, il est plus que jamais demandé, remplit les salles de concert, s’exporte aussi très bien à l’extérieur du pays, collabore notamment avec Fally Ipupa du Congo.
Depuis son retour en Côte d’Ivoire la montée en puissance de l’artiste ne s’est jamais affaiblie. A raison d’un album par an, l’artiste tient le haut de la scène ivoirienne. Il est également considéré à l’international, comme l’ambassadeur du coupé-décalé et comme un ambassadeur de la musique africaine dans le monde. Il est qualifié de Roi du coupé-décalé par ses fans, tout autant qu’il est décrié par ses concurrents. Il est vrai qu’en Afrique les conflits entre musiciens, les provocations entre les différentes mouvances et formations sont légions. Le milieu musical se vit ainsi, entre défis, provocations, conflits ; engendrant stimulations et créativité chez les artistes.
Enfin consécration en 2014, il annonce sa signature chez Universal sur le label de Maître Gims. Le sacre du mois d’octobre confirme la suprématie de DJ Arafat sur le coupé-décalé. Saura-t-il tirer partie de cette récompense en cette période très inspirante, à la fois pour la musique afro-urbaine sur la scène internationale et pour les nombreuses jeunes pousses qui émergent ?
Zoom sur le coupé-décalé
Genre musical mais aussi attitude, le coupé-décalé est une musique au rythme endiablé et utilisant souvent des sons électroniques. Née en 2003 dans les boîtes de nuit parisiennes le succès est fulgurant et les adeptes diffusent la musique dans toute l’Afrique à la vitesse du son. L’Europe et les Etats-Unis sont à leur tour très rapidement séduits par la fougue coupé-décalé. Pourquoi cette dénomination ? Une des légendes autour du genre veut que l’expression provienne des arnaques ivoiriennes : « On coupe (on arnaque), on décale (on s’enfuit ou disparaît) », explique le journaliste Usher Aliman, auteur de « Douk Saga, l’histoire interdite du coupé-décalé ». D’autres affirment que le nom est inspiré de la danse traditionnelle Akoupé. Le coupé-décalé a évolué jusqu’à devenir un mouvement musical qui permet l’expression de la créativité des artistes. Et ils ne s’en privent pas. Inventeurs de leurs propres concepts, on recense jusqu’à plus de 150 mouvements différents, portant des noms empruntés à l’actualité ivoirienne, voire internationale : la « grippe aviaire », le « Guantanamo » …
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