C’est une initiative originale qui a vu le jour dans une prison du Sénégal. Des prisonniers se font avant tout boulangers au sein de l’univers carcéral, à la fois pour lutter contre l’oisiveté et pour préparer leur réinsertion.
La boulangerie est construite à la prison de Liberté 6, un quartier de la banlieue dakaroise. Le fruit du travail des prisonniers-boulangers alimentent en pain les détenus de la capitale.
Tous les prisonniers affectés à la boulangerie ont exercé le métier de boulanger avant leur emprisonnement, et d’autres, triés sur le volet, peuvent commencer un apprentissage selon Habib Diouf, le surveillant principal et responsable du service socio-éducatif de la prison, également gérant de la « Boulangerie de la réinsertion ». Ainsi un manuel baptisé du nom du projet, « Boulangerie de la réinsertion » a été même été édité.
« L’oisiveté (…) est un facteur de déséquilibre. Un détenu, soit vous l’occupez, soit il vous occupe. La réinsertion sociale du prisonnier n’a pas de prix », explique le directeur de la prison de Liberté 6, Diadji Ndiaye.
Les autorités sénégalaises ont pris depuis plusieurs années conscience de la pertinence d’une politique sociale carcérale et de la mission de réinsertion que doit assumer l’univers pénitentiaire. Le ministère de la Justice autorise depuis 2001 la création, dans les prisons, d’un service socio-éducatif chargé de préparer les prisonniers à l’exercice d’un métier à la fin de leur incarcération.
L’avenir des détenus est un sujet de réflexion pour les autorités judiciaires sénégalaises. « Ce serait un échec pour l’administration pénitentiaire de voir un détenu récidiver. Que dirait-on d’une usine dont on renverrait toujours ses produits pour vice de fabrication ? Elle tomberait vite en faillite ! Donc voir ces détenus revenir en prison est pour nous un véritable échec », affirme M. Ndiaye.
L’initiative « Boulangerie de la réinsertion » s’inscrit dans cette volonté gouvernementale et vise trois objectifs précis. Occuper les prisonniers, les former et préparer leur avenir, nourrir les détenus. Et c’est un écosystème qui s’est mis en place avec succès. Les détenus sont mieux nourris, les riverains bénéficient de la proximité de la boulangerie et l’activité suscite des vocations. « A ma sortie de prison, j’aurais souhaité continuer à exercer mon métier de boulanger ici même, où j’ai formé des gens à la boulangerie. Autant continuer à travailler dans cette boulangerie », affirme El Hadji.
Selon Habib Diouf, la boulangerie de Liberté 6, approvisionne en pain environ 5 000 détenus de plusieurs prisons de Dakar. Deux caissières sont employées par la maison d’arrêt pour vendre du pain aux riverains de la prison.
« C’est une bonne chose d’avoir cette boulangerie », apprécie Seydou, un riverain de la prison.
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