31 pays africains, représentés samedi à Lomé lors du sommet extraordinaire de l’UA, ont décidé de durcir le ton sur les problématiques de la piraterie et de la pêche illégale qui gangrènent le continent. Un texte historique est né.
Idriss Déby Itno, son président, s’est d’ailleurs montré particulièrement satisfait à l’issue des débats : « C’est l’un des sommets les plus réussis de l’UA », a-t-il martelé en grande pompe, saluant au passage le travail accompli par les autorités togolaises.
Et pour cause, « l’objectif était ambitieux », relève Le Monde « puisqu’il s’agissait de rassembler l’Afrique autour d’engagements contre la piraterie, la pêche illégale, ou encore pour la promotion de l’économie bleue », alors que 38 nations (sur 54) présentent une frontière maritime commune. A titre d’exemple, le golfe de Guinée affiche une délinquance record avec un taux de 40% de la pêche totale s’organisant hors des champs de la légalité.
La naissance d’une charte novatrice sur la sécurité maritime (une première mondiale) s’apparentait donc comme une alternative des plus séduisante. C’est désormais chose faite, souligne Marc Christian Kaboré, le président burkinabè :
« C’est la première fois que tous les pays du continent se mettent d’accord sur une thématique pareille . Ce n’est pas grave si tout le monde ne l’a pas signé, l’essentiel est qu’elle ait été adoptée. »
En effet, sur les 52 délégations, 21 ont fait le choix de ne pas prendre part à l’accord, à l’image de l’Éthiopie, de l’Afrique du Sud, du Sénégal ou encore du Cameroun. Ce dernier avait pourtant organisé la dernière session du genre en 2013 à Yaoundé, mais aucune avancée significative ne vit toutefois le jour.
Une charte suivie d’actes concrets ?
Concrètement, le nouveau texte, qui doit être ratifié par quinze Etats pour être définitivement adopté sous un délai de trente jours, a accouché de plusieurs contraintes pour les membres de l’UA.
L’échange d’informations sur ce dossier reste bien sûr l’une des obligations incontournables d’un tel accord, mais d’autres paraissent plus compliquées à mettre en place comme la délimitation des territoires maritimes. L’Union africaine créera également un fonds de sûreté et de sécurité, bien que la législation ne précise pas dans quelle mesure celui-ci sera alimenté.
Quant aux prérogatives d’intervention en mer, chaque pays est désormais appelé à agir dans le périmètre de sa souveraineté, néanmoins aucune sanction n’est prévue en cas d’intrusion chez un proche voisin afin de prévenir tout conflit. Enfin, un comité chargé de veiller au respect de la Charte sera parallèlement mis en place (15 membres).
Sources : Le Monde et RFI