Contre tout attente, le Non l’a emporté hier lors du referendum sur l’accord de paix historique entériné la semaine dernière par le gouvernement colombien et la guérilla marxiste des Farc dont le conflit parasitait pourtant le pays depuis 1964.
Le chapitre pénal, quelque peu expédié par le texte, aura été l’argument numéro un de l’opposition sur ce dossier, car les peines aménagées prévues pour les membres de la guérilla et les agents de l’État responsables des crimes les plus graves, ont engendré un certain malaise dans l’opinion publique.
Mais ce n’est pas tout, la participation future des Farc à la vie politique locale laissait également craindre « un castro-chavisme inspiré des régimes cubain et vénézuélien », comme le relève Le Monde.
Le désarroi était donc de mise pour le chef de l’exécutif, Juan Manuel Santos, qui avait ardemment milité en faveur d’une issue positive : « Je vous ai convoqués pour que vous décidiez de soutenir ou pas ce qui a été accordé pour la fin du conflit avec les Farc, et la majorité, bien que d’une très étroite marge, a dit que Non. »
Ce dernier a toutefois tenu à garder un discours positif pour l’avenir du pays : « L’autre moitié du pays à dit que Oui, mais tous, sans exception, veulent la paix. Je ne me rendrai donc pas et continuerai à rechercher la paix », a-t-il promis.
Avant de conclure : « Le cessez-le-feu bilatéral et définitif, observé depuis le 29 août, reste valide et restera en vigueur (…) Lundi, je convoquerai toutes les forces politiques – et en particulier celles qui se sont manifestées aujourd’hui pour le non – afin de les écouter, d’ouvrir des espaces de dialogue et de décider du chemin à suivre. »
Quant au leader des Farc, Timoleón Jiménez, ce dernier regrettait depuis la Havane (ville où les négociations chapeautées par l’ONU ont eu lieu) « que le pouvoir destructeur de ceux qui sèment la haine et la rancœur ait influé sur l’opinion de la population colombienne. »
Il s’est néanmoins engagé à ce que la guérilla « ne fasse usage que de la parole comme arme de construction de l’avenir. »
Pour rappel, le conflit, vieux de 52 ans, a engendré 260 000 morts, 45 000 disparus et 7 millions de déplacés.
Sources : Le Monde et Le Figaro
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