Si l’esclavage est pénalement prohibé en Mauritanie, l’application réelle du texte, voté l’année dernière, appelle à controverse en raison du comportement assez schizophrénique du gouvernement de Mohamed Ould Abdel Aziz sur ce dossier.
Aboli depuis 2015 sur le territoire mauritanien, l’esclavage est également sévèrement sanctionnée par la législation locale depuis 2015 (jusqu’à 30 années d’emprisonnement), puisque cette loi a érigé ce vil procédé au rang de crime contre l’humanité.
Pourtant, dans les faits, le gouvernement sème le doute sur un hypothétique combat contre ce fléau. Et pour cause, les arrestations de militants antiesclavagistes se multiplient dans le pays.
Treize membres de l’IRA, une ONG luttant pour la résurgence du mouvement abolitionniste, ont ainsi été condamnés jeudi 18 août à des peines allant de trois à quinze ans de prison.
Il leur est en effet reproché d’avoir usé de violence contre les forces de sécurité lors d’une manifestation organisée dans un bidonville de Nouakchott le 29 juin dernier (13 blessés parmi les policiers).
Toutefois, l’IRA conteste vivement ce jugement autoritaire, arguant que les militants avaient été curieusement arrêtés seulement une semaine après les faits, à leur domicile ou sur leur lieu de travail.
L’organisme indique dans la foulée que le but de cette opération étatique était tout autre et serait en lien avec le sommet de la Ligue Arabe qui s’est déroulé dans la capitale mauritanienne un mois plus tard… Exigence sécuritaire donc…
Mais ce n’est pas tout, de nombreuses ONG sont montées au créneau pour dénoncer un simulacre de procès, à l’image de Kiné Fatim Diop, chargée de campagne d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest :
« Ces militants sont des prisonniers d’opinion accusés à tort et incarcérés en vue d’entraver leur travail légitime (…) Nous appelons donc les autorités à mettre fin à leur règne de la peur et cesser de réprimer les militants antiesclavagistes. »
Outre, les peines démesurées décidées par la cour criminelle de Nouakchott, les avocats des défendeurs n’ont pu effectuer de quelconque recours pour leurs clients, car ces derniers ont boycotté les débats, précisent les magistrats.
La raison du boycott ? Une vive protestation contre des actes de tortures qui auraient été perpétrés contre les condamnés trois jours avant le délibéré…
Pour rappel, le président de l’IRA, Biram Dah Abeid, ainsi qu’un autre membre de l’organisation avaient également subi le courroux gouvernemental pour le même motif en janvier 2015.
Source : Le Monde
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